Dernières actualités et décisions de la FED
Le comité de la Réserve fédérale s’est récemment réuni pour statuer sur le resserrement de sa politique monétaire pour enrayer une inflation au plus haut depuis 40 ans. Si les hausses de taux et l’arrêt des rachats d’actifs sont prévus pour 2022, il reste à en connaître le calendrier et l’ampleur qui ne seront pas sans conséquences pour les autres pays, notamment les économies émergentes, avertit le FMI.
L’inflation augmente aux États-Unis et pas que …
L’inflation des prix à la production aux États-Unis reste élevée, renforçant le plan de la Fed pour commencer à augmenter les taux.
L’indicateur des coûts des entreprises a augmenté de 9,7% par rapport à l’année précédente, ce qui est supérieur aux prévisions. La hausse mensuelle de 1% représente la plus forte augmentation depuis le mois de mai.
Les prix payés aux producteurs américains ont augmenté en janvier de manière plus importante que prévu, ce qui indique des pressions inflationnistes persistantes, les entreprises étant confrontées à des contraintes en matière de chaîne d’approvisionnement et de main-d’œuvre.
L’indice des prix à la production pour la demande finale a augmenté de 9,7% par rapport à janvier de l’année dernière et de 1% par rapport au mois précédent, selon les données du département du travail publiées mardi. La hausse par rapport à décembre est la plus importante depuis huit mois. Les prévisions médianes d’une enquête de Bloomberg auprès des économistes tablaient sur une hausse de 9,1% en glissement annuel et de 0,5% en glissement mensuel.
Chaud devant
L’inflation des prix à la production est restée extrêmement élevée en janvier. Les chiffres, qui reflètent des augmentations générales dans toutes les catégories, renforcent les intentions de la Réserve fédérale de commencer à relever les taux d’intérêt le mois prochain, dans un contexte d’inflation croissante dans l’ensemble de l’économie. Les goulets d’étranglement dans les transports, la forte demande et les contraintes de main-d’œuvre observés en 2021 se sont poursuivis cette année et risquent de maintenir les pressions sur les prix à un niveau élevé.
La dernière progression mensuelle indique que les pressions inflationnistes dans la chaîne de production restent intenses, ce qui continuera à se répercuter sur les coûts finaux des biens et services de consommation.
Les données de la semaine dernière ont montré que les prix à la consommation ont augmenté plus que prévu en janvier, ce qui a porté le taux d’inflation annuel à un nouveau sommet depuis quatre décennies.
Suite au rapport sur l’IPC, certains responsables de la Fed se sont prononcés en faveur d’une action politique plus agressive lors de la réunion de mars de la banque centrale. Mais les centristes parmi les hauts responsables de la Fed semblent sceptiques quant à une hausse d’un demi-point (soit 0,5%), et ont suggéré qu’il n’est guère nécessaire de commencer un cycle de hausse par un mouvement d’un demi-point de pourcentage.
Répartition par catégorie
Le coût de l’énergie a rebondi en janvier après avoir baissé un mois plus tôt, avec une hausse de 2,5%. Depuis le début du mois, les prix du pétrole brut et des autres produits énergétiques ont continué à grimper en raison des risques qu’une attaque russe contre l’Ukraine entraîne de graves sanctions de la part des gouvernements occidentaux.
Si l’on exclut les composantes volatiles que sont l’alimentation et l’énergie, l’IPP de base a augmenté de 0,8% par rapport au mois précédent et de 8,3% par rapport à l’année précédente.
Les prix des biens se sont accélérés en janvier par rapport au mois précédent, avec une hausse de 1,3%, la plus forte en trois mois.
Le coût des services a augmenté de 0,7%, ce qui correspond au mois précédent. Le rapport rend compte des variations des prix payés aux producteurs ainsi que des marges perçues par les grossistes et les détaillants. La hausse de janvier de l’indice de la demande finale de services est principalement attribuable aux prix des soins ambulatoires des hôpitaux, qui ont augmenté de 1,6%.
Les prix à la production hors alimentation, énergie et services commerciaux, une mesure souvent préférée par les économistes car elle élimine les composantes les plus volatiles qui ont augmenté de 0,9% par rapport à décembre, soit la plus forte hausse en un an. Par rapport à l’année précédente, la jauge a progressé de 6,9%.
Les coûts des produits transformés pour la demande intermédiaire, qui reflètent les prix plus tôt dans la chaîne de production, ont augmenté de 1,7% par rapport au mois précédent. Par rapport à l’année précédente, cette mesure a augmenté de 24,1%.
Cela fait en effet des décennies que l’institution monétaire américaine n’a pas été confrontée à cette équation : une inflation à 7%, au plus haut depuis 40 ans, un faible taux de chômage, qui à 3,9% revient pratiquement à ses niveaux de pré-pandémie, mais un marché du travail tendu notamment en raison de la pénurie de main-d’oeuvre, alors même que les salaires sont en forte progression. Or, le mouvement ne se cantonne pas aux seuls Etats-Unis.
Quelle incidence sur le marché des cryptos ?
On le sait, le marché des cryptomonnaies est particulièrement volatil. En l’espace de trois mois, la valeur de Bitcoin a été divisée par deux. En novembre 2021, un bitcoin s’échangeait pour plus de 69 000 dollars. Au 24 janvier, sa valeur avait chuté à 36 000 dollars, soit près de 45% de moins. Ce mouvement des marchés signale une réaction au durcissement de la politique monétaire de la Fed, la banque centrale américaine. Il décrypte les liens entre politique monétaire, taux d’intérêts et fluctuations du marché des valeurs technologiques.
Le marché est entré dans une phase de correction, c’est-à-dire un moment marqué par un renversement de tendance important. Depuis la fin du mois de décembre, Bitcoin a perdu 32% de sa valeur et Ethereum plus de 45%. En termes de capitalisation, on parle de 900 à 1 000 milliards de pertes pour le marché des cryptos. De tels mouvements baissiers sont impressionnants, toutefois ils ont déjà été observés par le passé. Si ce mouvement s’inscrit dans le temps, on parlera alors de bear market, c’est-à-dire une tendance baissière prolongée.
Cet effondrement est, en partie, la conséquence d’un contexte géopolitique tendu. Au Kazakhstan, les troubles politiques ont entraîné une suspension d’Internet par les autorités et un arrêt momentané du minage de cryptomonnaies, Bitcoin notamment. Ce pays d’Asie centrale étant le deuxième pays mineur de bitcoins derrière les États-Unis, cela a créé une tension sur les cours qui ont commencé à baisser. Puis la Russie a annoncé son intention d’interdire les investissements et les paiements en cryptomonnaies, emboîtant le pas à d’autres grandes puissances comme la Chine et l’Inde. Cette décision, qui illustre la volonté croissante des régulateurs un peu partout dans le monde de mieux encadrer le secteur, a envoyé un signal défavorable aux marchés. À cela s’ajoutent les préoccupations écologiques liées à la production des actifs numériques, qui là encore créent un environnement sensible. Pour autant, ce qui a le plus impacté le marché des cryptomonnaies est, sans nul doute, le nouvel environnement monétaire décidé par les banques centrales.
Comment la Fed peut influencer la tendance du marché des cryptos ?
En début d’année, la Fed, la banque centrale américaine, a fait des annonces très fortes en réponse au contexte monétaire américain. Aux États-Unis, l’inflation est importante, ce qui affecte le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes. L’institution financière a donc décidé de relever ses taux d’intérêts de façon à réguler l’inflation. Cette action illustre une volonté de mieux maîtriser le prix de l’argent sur les marchés.
Il se trouve que le marché des cryptos a largement bénéficié des taux d’intérêts bas et des liquidités abondantes fournies par les banques centrales depuis le début de la pandémie. Pourquoi ? Parce que dans ce contexte, les investisseurs ont cherché des sources d’investissement à plus haut rendement. Et les cryptomonnaies pouvaient leur fournir ces rendements élevés. Ce changement de politique monétaire met donc un coup d’arrêt à cette dynamique. La Fed a en quelque sorte sifflé la fin de la récré pour les investisseurs.
Conclusion
Dans l’attente des annonces de la Fed, les investisseurs ont fait le choix de la prudence. Ils ont eu tendance à délaisser les actifs les plus spéculatifs, au profit de valeurs plus défensives, c’est-à-dire des actifs traditionnels, plus sûrs. C’est ce qui explique les fortes baisses observées sur les cours des crypto-monnaies. Passée cette annonce, la volatilité pourrait se réduire.
Par le passé, les fortes phases de corrections du marché des cryptos ont été suivies de fortes remontées. Sur le plus long terme, il est difficile de faire des prédictions car la situation qui se présente est nouvelle : le retour d’une inflation forte est un phénomène que l’on n’a pas connu depuis 40 ans. De même que le redressement des taux directeurs des banques centrales. Cela pourrait avoir des répercussions importantes selon les classes d’actifs. Mais, là encore, rien ne dit que l’inflation durera. Peut-être faut-il s’attendre à une poussée inflationniste temporaire qui redescend ensuite, comme le soutient Christine Lagarde, la présidente de la BCE, la banque centrale des 19 pays de l’Union européenne utilisant l’euro dont la principale mission est de maintenir la stabilité des prix.
Les bulles financières résultent de la conjonction de deux phénomènes : une expansion incontrôlée du crédit, permis par des faibles taux d’intérêts, et une confiance excessive dans les fondamentaux économiques, c’est-à-dire le taux de croissance, la baisse du chômage et l’amélioration de la productivité liée aux nouvelles technologies par exemple. Une bulle s’inscrit dans la durée, plusieurs mois ou années et affecte durablement l’économie dans son ensemble. Les comportements observés sur le marché des valeurs technologiques laissent penser qu’il s’agit d’une bulle mais, pour le moment, je ne parlerais que de correction.
Le marché des valeurs technologiques américaines pèse actuellement près de 18 000 milliards de dollars, c’est considérable. Il a profité ces derniers mois d’un contexte exceptionnel lié à la pandémie, avec des taux d’intérêts très bas. L’ajustement était donc inévitable, un tel rythme de croissance n’étant pas soutenable indéfiniment. De même pour les cryptomonnaies, les taux de rendement hallucinants observés en 2021 ne pouvant pas durer éternellement.